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Bruxelles, Belgium "Née en 1993 par la volonté d’un groupe d’auteurs de bande dessinée de
donner force et cohérence à la publication de leurs travaux, La
Cinquième Couche est devenue, au fil des années, un éditeur dont le
catalogue conjugue créativité et expérimentation avec jubilation.
«1h25», récit autobiographique signé Judith Forest s’inscrit dans cette
démarche. Jalonné de croquis, de quelques photos et collages, ce roman
graphique dont le titre évoque la durée du trajet de chemin de fer
entre Paris et Bruxelles est le symbole d’une époque : enfant naturel
des récits underground de la dessinatrice Julie Doucet et de quelques
mangakas historiques qui se seraient perdus à Paris et trouvés à
Bruxelles, le livre de Judith Forest est un jeu de construction
parfaitement maîtrisé que le CBBD est particulièrement heureux
d’exposer." Jean Auquier, CBBD.*
Ouvert tous les jours (sauf lundi) de 10 à 18 heures. Tel. +32(0) 219 19 80 - www.cbbd.be - visit@cbbd.be Centre Belge de la Bande Dessinée
Rue des Sables 20
1000 Bruxelles
Tél. : + 32 (0)2 219 19 80
Fax : + 32 (0)2 219 23 76
Derrière
ce titre énigmatique se cache le carnet intime d’une jeune femme qui a
choisi de raconter en bande dessinée un court moment de sa vie, étalé
sur quelques mois (entre le début de l’hiver et la fin de l’été).
Guidée par le désir de tout raconter, elle ne fait pas mystère de ses
doutes (y compris sur le projet même de ce livre), de ses difficultés,
de ses addictions (physiques ou affectives) et de sa vie sexuelle
fragmentée. Description honnête, lucide et sans tabou de l’expérience
amoureuse et sensuelle comme des moments les plus sombres de son
histoire, le récit ne fait l’impasse ni sur la chronique intime de son
existence ni sur les épisodes presque insignifiants de son quotidien,
si éloigné de la vision idéalisée et fantasmée que l’on projette
enfant. Aucun des protagonistes n’échappent à son regard pénétrant et
sans complaisance. L’adolescence n’est pas encore si éloignée, et c’est
encore au début de l’âge adulte que l’étudiante entame son entreprise
autobiographique. Évitant un nombrilisme maussade, cette jeune auteure
fait preuve d’une étonnante maturité et se révèle terriblement
attachante, contrebalançant les moments de doutes et d’introspection
par de plus légères anecdotes. L’auteure se raconte d’une manière
toujours surprenante et même parfois drôle, malgré le sentiment de
solitude et de malaise qui taraude ses pensées. C’est aussi, en creux,
le rencontre d’une jeune femme et du dessin, la découverte de la bande
dessinée comme manière de se raconter. Son dessin, sans fioriture et
sans esbroufe, aux allures de croquis, rehaussé par une élégante
bichromie, se veut le vecteur le plus direct pour dresser le décor de
ses aventures sentimentales et dépeindre les aléas de ses émotions. Ce
livre dense et sans concession constitue une forme d’éducation
sentimentale, une expérience intime de dévoilement, un remarquable
travail sur soi pour extraire tout le sel de la rencontre de l’auteure
avec l’autobiographie dessinée. S’immergeant dans l’écriture de son
carnet comme dans une thérapie personnelle, elle déroule petit à petit
le fil de son existence de jeune adulte, essayant de se reconstruire
une image, de se comprendre elle-même. Poussant l’expérience de la
confession dans ses derniers retranchements, l’auteure nous livre ici
sa vie et ses turpitudes sans détour. Témoignage sensible et brutal,
à fleur de peau, cette autobiographie repousse les limites de la
sincérité vis-à-vis de soi et du lecteur. |